Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, s’il vous plait ?
Je m’appelle Lina Youness et je suis directrice des instituts Allure Beauté
Pouvez-vous nous raconter comment a commencé l’aventure
allure ?
Allure a déjà existé aux USA en 2000, et j’y ai travaillé pendant sept ans.
Quand je suis arrivée au Sénégal, je n’étais plus supposée travailler, mais
prendre du repos. Et quand j’ai constaté qu’il y avait une nécessité
au niveau de l’esthétique au Sénégal, je me suis dit : pourquoi ne pas
ouvrir Allure en Afrique ! Et donc j’ai créé ma franchise dans dix-huit pays
qui est Allure. J’ai ouvert mon premier Allure qui, au départ, était tout
petit, et actuellement, je suis à mon troisième déménagement. Donc il
a fallu que l’on agrandisse pour notre clientèle. Nous avons ouvert aux
Almadies, par rapport à la demande, car il faut noter qu’il n’y en avait pas
dans les environs. Nous faisons tout ce qui est visage et corps.
Quelle formation vous avez eu à faire ?
A la base, je me suis perfectionnée au fil des années, j’avais fait des
cours d’electrolyse, deux ans d’esthétique, le maquillage permanent, le
maquillage de télévisions, de mariée, de mannequins sur les podiums.
C’est au Canada que j’ai fait mes études. J’ai déménagé à l’âge de 12- 13
ans au Canada avec mes parents.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire l’esthétique ? Pourquoi pas la
comptabilité, le marketing ou les finances ?
Je tiens à souligner que ma première vocation n’était pas l’esthétique. Dès
ma tendre enfance, je faisais l’esthétique comme travail à temps partiel,
pendant que j’allais à l’école. Alors, lorsque j’ai eu mon Baccalauréat, j’ai
fait deux ans de Droit et j’avais pour ambition de faire du Droit criminel,
c’est ce qui me passionnait le plus.
Quand je suis arrivée aux USA, j’ai constaté que, chaque fois que je
changeais de ville, il fallait reprendre deux années de cours, ce n’était pas
possible avec une famille qui bouge tant. J’ai donc viré vers l’esthétique
que je connaissais très bien, j’avais fait des formations, j’avais travaillé
pour Armani, au Canada, j’étais déjà dans le mouv’, on va dire, et je
connaissais très bien ce métier.
Vous venez de nous dire avoir commencé l’aventure Allure par les
USA, mais alors pourquoi avoir voulu revenir en Afrique ?
Je suis Sénégalaise et il faut reconnaître que l’on est mieux chez soi. Ce
choix était aussi orienté vers l’éducation des enfants, pour qu’ils soient
mieux entourés.
En parlant d’enfants justement, vous en avez combien ?
J’en ai deux.
Diriez-vous que c’est facile de concilier la vie de chef d’entreprise et
la vie familiale ?
C’est très difficile, mais quand on aime ce qu’on fait, on trouve le temps
pour réunir et bien faire les deux. Et une femme qui travaille ne néglige
pas forcément son foyer ou ses enfants, car le peu de temps qu’elle
passera avec ses enfants, elle va en profiter à 100%.
On en revient à votre formation, vous avez déménagé du Sénégal
vers le Canada et après, vous avez fait des formations dans ce pays
et pour finir aux USA.
Après mon mariage, j’ai accompagné mon époux aux USA qui résidait
déjà à Détroit. Et c’est là-bas que j’ai ouvert Allure.
Le nom Allure vous appartient totalement ? Si une personne veut
avoir Allure, il faut qu’il vienne se franchiser chez vous ?
Oui.
Que conseillez-vous aux jeunes qui souhaiteraient ouvrir leur
institut ?
Pour moi, il leur faudrait être professionnels et patients. Les gens veulent
arriver trop vite, trop facilement, il faut gravir les échelons doucement et
ne pas sauter les étapes. Ils doivent aussi se donner à fond, travailler ne
pas compter les heures et oublier le week-end. Si l’on compte les heures,
on ne réussira jamais. Quand on veut réussir une entreprise, c’est jusqu’à
minuit, quatre heures du matin, parfois, si on doit faire de la paperasse.
Je dirais tout simplement il faut se donner à fond.
Est-ce à dire que ce n’est pas aussi facile qu’on le croit ?
Non, on a fait les petits boulots, on a été dans les instituts, on a nettoyé
les cabines, on a nettoyé les toilettes, il n’y a pas de sous métiers, il n’y a
pas de honte. Dans l’esthétique, la première chose qu’on nous apprend,
c’est la propreté. Aux USA, on fait tout et il ne faut pas croire que certaines
tâches sont dévalorisantes et pour réussir, il faut mettre la main à la pâte
dans tous les domaines.
Vous avez déjà réussi à monter deux structures au Sénégal, on
connaissait les marchés africains qui ne sont pas évidents, qui
évoluent, c’est les «copier-coller», les gens ne créent plus, ils se
contentent de copier les idées des autres. Mais qu’est-ce qui vous
motive aujourd’hui et qui vous pousse à continuer ?
Déjà notre fidèle clientèle qui nous demande toujours plus, cela nous
procure une joie, nous pousse à vouloir réussir, à être battante, vouloir
toujours bien faire, même si on n’a pas parfois tout le retour qu’on
souhaiterait.
Pouvez-vous être plus explicite ?
D’autres trouveront cela cher, ou pas très accessible, mais nous mettons
en avant la qualité.
Donc c’est quoi votre positionnement ? Est-ce qu’un Sénégalais ou
un Africain lambda peut venir ? Que lui proposeriez-vous ?
Nous faisons moyen, haut de gamme, on ne va pas trouver à Allure du
bas de gamme, ce n’est pas possible, on ne sait pas ce que l’on recherche
et ce n’est pas la clientèle qu’on recherche. Une extension de cils, on peut
la faire à cent mille (100 000) Fcfa comme on peut la faire à cinq mille
(5000 Fcfa) ou encore à deux-mille (2000 Fcfa). C’est une question de
choix et de moyens aussi.
En tant que femme manager, pensez-vous qu’il y ait une différence
entre une femme manager et un homme manager ?
Malheureusement, encore au Sénégal, on a l’impression de ne pas
prendre les femmes trop au sérieux, quand on voit une femme arrivée
à une banque, on ne la prend pas trop au sérieux, tandis que l’homme
peut être moindre, il arrive costume-cravate, il sera plus pris au sérieux
tout simplement parce que c’est un homme. La femme coquette, on se
demande si elle n’est pas en train de s’amuser.
Le mot de la fin, quel est votre souhait ? Votre projet ?
Pouvoir positionner Allure dans les pays de l’Afrique de l’Ouest
