Dans certains pays, les autorités sont parfois muettes devant les situations flagrantes de violences à l’endroit des femmes,ce qui favorise une montée en puissance de ces violences,
abandonnant les victimes à leur triste sort.Les islamistes radicaux, quant à eux, confinent la femme à un rôle de seconde zone, où son occupation première, principale et quotidienne est de veiller sur son époux et sur les éventuels enfants. Quand une femme y est accusée d’adultère, en
plus d’être reniée par toute sa famille, elle est très souvent soumise à la vindicte populaire, sans que l’homme, complice de cet adultère ne soit inquiété. Dans le même esprit, certains
terroristes utilisent le plus souvent les femmes/jeunes filles comme bombes humaines pour commettre des actes ignobles, au nom de l’Islam et de Dieu. Pourtant, comme le souligne à
juste titre un anthropologue contemporain : «L’Islam est une religion de paix et d’acceptation des autres ; Dieu est assez grand pour se défendre tout seul.»
En revanche, dans certaines cultures camerounaises notamment, certaines femmes estiment que les violences exercées sur elles par leur conjoint sont des signes d’amour et une preuve qu’elles peuvent être bien protégées. Quel paradoxe ! L’impact des acteurs publics face à ce phénomène au Cameroun. MOKOLO, ville de l’Extrême-nord du Cameroun, un homme est jugé pour viol et tentative de meurtre sur sa belle-mère. SOA, banlieue de la ville de Yaoundé et ville abritant la 2nde université du Cameroun : de jeunes voyous, investissant une Violences faites aux femmes
Le phénomène perdure, le silence aussi
6 rEGARD SUR …
Les violences faites aux femmes sont des crimes pénalement répréhensibles à l’échelon international. Ces violences sont un phénomène dont l’évolution est sans cesse croissante à travers le monde. Malgré les séminaires, les colloques, les réunions internationales et nationales, les ateliers, les symposiums, etc. les femmes continuent d’être violentées de
plusieurs manières, dans le silence. cité universitaire majoritairement habitée par des filles, les pillent et les violent à tout-va, et disparaissent dans la nature. Douala, capitale
économique du Cameroun, la jeune Sandrine, 13 ans, est complètement déshabillée et fessée dehors devant ses amies par sa mère, pour avoir pris un morceau de viande supplémentaire dans la marmite. Yaoundé, Stéphanie AMOUGOU, 34 ans, tétraplégique à la suite d’une ultime
bastonnade de la part de son compagnon : «Il me battait pour un oui ou pour un non ; il me tapait tellement que parfois je perdais non seulement mes dents, mais aussi connaissance. J’ai fini par porter plainte et il est en prison. C’est peu de chose par rapport à ma situation actuelle.» Des faits comme ceux-ci sont légion au Cameroun. On les vit quasi quotidiennement.
En décembre 2013, l’ONU a publié des statistiques alarmantes sur les violences faites aux femmes au Cameroun :
• 52 % de femmes ont subi des violences conjugales ;
• 53% ont subi des violences depuis l’âge de 15 ans ;
• 30,56% ont subi des violences physiques ;
• 53,79% ont subi des violences émotionnelles ;
• 30,8% ont subi des violences sexuelles ;
• 54,54% ont été victimes d’abus psychologiques ;
• 50,24% ont subi des violences économiques ;
• 24% des adolescentes ont subi le repassage des seins ;
• 1,4% ont été victimes de mutilations génitales féminines.
Concernant la violence physique particulièrement, il serait important de noter deux statistiques :
– Selon la troisième Enquête Démographique et de Santé (EDS III) réalisée par l’Institut National de la Statistique (INS), 78% de femmes ont déclaré avoir subi une violence physique modérée et 6% ont subi une violence physique sévère, d’un mari ou d’un partenaire.
– Et selon une étude du Centre de Recherche sur les Droits de la personne humaine (CRED) réalisée en novembre 2008, au Cameroun, la proportion des violences physiques faites aux
hommes par les femmes est de 27,4%.
C’est à ces titres que plusieurs acteurs de la vie publique camerounaise ont pris la pleine mesure des dangers de ce phénomène et n’hésite plus à monter au créneau pour dénoncer
les coupables et conscientiser les populations. En première ligne de ces acteurs, nous avons l’Association Camerounaise des Femmes Juristes (ACAFEJ) et l’Association de Lutte Contre les
Violences faites aux Femmes (ALVF) ; deux actrices de la société civile camerounaise dont les efforts au quotidien visent à instaurer une société dénuée de toute forme de violence, principalement celles faites aux femmes, à travers les activités de sensibilisation des populations, d’encadrement des femmes en matière de leurs droits et devoirs et de suivi des femmes victimes (psychologique et judiciaire). Leurs efforts, couplés avec ceux des autres acteurs de la société civile et ceux des pouvoirs publics, ont un impact considérable sur les populations, qui «osent» maintenant dénoncer les coupables de violences faites aux femmes. C’est le cas des viols qui, dans certaines localités camerounaises, sont un fléau sournois qui a largement profité de la complaisance et de l’inertie de certaines autorités publiques, du silence/mutisme des victimes (parfois des enfants sous la tutelle de leurs parents), de la honte et du déshonneur de cette situation et, plus grave, de la complicité des parents. Les chiffres sont assez clairs : environ 18% des 432 000 femmes violées au Cameroun chaque année le
sont par des membres de la famille de celle-ci, 18% ont contracté une infection sexuellement transmissible ou le SIDA, 24% de filles sont tombées enceintes à la suite du viol et ont été contrainte à abandonner leurs études, pour celles qui étaient scolarisées. L’ONG camerounaise Femme-Santé-Développement (FESADE) a mené, il y a 5 ans, un projet sur le viol des femmes et des filles dans
la zone de BAFIA (région du centre, Cameroun). Les témoignages des femmes étaient très choquants. Les membres de cette ONG ont particulièrement mis en lumière 4 situations :
• Celle de ce bébé, fille de 9 mois, violée par son propre papa, sous les conseils d’un charlatan qui lui prédisait richesse et prospérité après cet acte odieux ;
• Celle de cette vieille dame de 65 ans violée par une bande de jeunes hommes, alors qu’elle était dans sa plantation, toute seule ;
• Celle de cette jeune fille de 9 ans qui, par amour pour l’Eglise, venait chaque matin y faire du nettoyage avant de rejoindre les bancs de l’école ; mais violée un matin par le pasteur de cette église. L’affaire sera étouffée par les parents de la jeune fille ;
• Enfin, celle de cette jeune fille violée puis étranglée par son propre cousin. Là aussi l’affaire sera camouflée par les parents, sous le prétexte fallacieux de fuir la honte. Face à cet état de lieux, l’ONG FESADE va travailler à amener les femmes et même les hommes à briser le silence, dénoncer les auteurs de ces violences, et beaucoup communiquer avec leurs enfants. Les femmes seront particulièrement appelées à une extrême vigilance sur le comportement de leurs filles, afin de déceler un éventuel changement, du fait d’un viol. Enfin, les services sociaux ont aussi été mis à contribution pour que les dénonciations aient une suite favorable qui rende justice aux victimes. L’une des plus belles images de ce projet est, à n’en point douter, ce jeune homme qui, lors des causeries éducatives organisées par FESADE dans le cadre de ce projet, va confier à l’un des membres de l’équipe qu’il est un violeur multi récidiviste, mais que les discours de l’ONG l’ont touché et de ce fait, il s’engage à travailler avec elle pour lutter
contre le viol.
L’ONG Cameroon Total Surrender, tout en soutenant les actions déjà menées, préconise, quant à elle, une solution qui prendrait racine à la base : insérer dans le système éducatif (des classes maternelles aux classes de l’enseignement secondaire) les cours de morale, avec une emphase sur la question du genre, afin que les enfants grandissent avec cette idée d’égalité entre le garçon et la fille, l’homme et la femme. Elle préconise aussi la rééducation des
parents afin qu’ils apprennent à reconnaître, à comprendre leur enfant qui souffre en silence d’une violence exercée sur sa personne, et à agir efficacement pour que le ou les coupables soient punis. Il faut désormais transcender le tabou et le poids des traditions ancestrales, pour ce qui concerne l’Afrique, et donner une chance d’avenir meilleure à ces femmes et filles qui ont aussi une dignité au même titre que les hommes.
En outre, grâce à l’appui des organisations internationales telles que le Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM), les Camerounaises ont bénéficié de plusieurs soutiens leur permettant, d’une part, d’être suivies psychologiquement et, d‘autre part, d’être assez armées dans la connaissance de leurs droits et devoirs en matière de violences exercées sur elles. Les violences faites aux femmes sont punies par le Code pénal
camerounais. A côté de cela, il est important pour les femmes de se prendre véritablement en main, de beaucoup communiquer avec leurs filles et d’agir, afin que celles-ci ne vivent jamais les cauchemars de ces violences, qui peuvent détruire leur vie. Il est aussi important que les hommes, principaux accusés de ces fléaux, prennent la pleine mesure des énormes conséquences de ces violences sur les
femmes et les filles et changent radicalement de comportement. Plus que jamais, le 25 novembre prochain, brisons le silence et agissons.
Alain NJIGNET

Flex Mag Staff
5 septembre 2015 at 1 h 50 min
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